Le Model Context Protocol (MCP) : architecture, concepts et écosystème

Le Model Context Protocol (MCP) est un standard ouvert conçu pour repenser en profondeur la manière dont les applications d’intelligence artificielle interagissent avec leurs environnements numériques.
Introduit par Anthropic en novembre 2024, MCP vise à unifier l’accès des modèles de langage (LLMs) à des sources de données et à des outils externes, en remplaçant les intégrations fragmentées et propriétaires par une interface universelle, sécurisée et structurée.

Là où les entreprises devaient auparavant développer un connecteur distinct pour chaque combinaison de modèle et d’outil (créant une complexité de type N×M), MCP transforme ce problème en une architecture bien plus maîtrisable, de type M+N : chaque modèle implémente un client unique, chaque outil un serveur unique, et tous deux communiquent selon une grammaire commune.

Architecture fondamentale

L’architecture MCP repose sur un modèle client–serveur standardisé, organisé autour de trois composants principaux qui coopèrent pour fournir du contexte enrichi aux modèles de langage :

MCP Host (Hôte)

L’hôte agit comme l’orchestrateur central du système. Il s’agit de l’application conteneur — par exemple Claude Desktop, Visual Studio Code, Cursor, ou tout autre environnement d’IA — qui gère les connexions entre les différents composants.


Ses fonctions principales incluent :

  • la création et la supervision des clients MCP,
  • la gestion des permissions et des autorisations utilisateur,
  • l’application des politiques de sécurité et des règles d’isolation,
  • et la coordination des échanges entre les LLMs et les serveurs externes.

L’hôte constitue en quelque sorte le chef d’orchestre du maillage contextuel : il garantit que chaque interaction est traçable, autorisée et sécurisée.

MCP Client

Le client est le pont actif entre l’hôte et les serveurs MCP.
Il maintient une connexion isolée 1:1 avec chaque serveur et assure la cohérence des échanges via une session persistante avec état.


Ses responsabilités incluent :

  • la négociation du protocole et la découverte des capacités du serveur ;
  • la gestion bidirectionnelle des messages et des événements ;
  • la préservation des frontières de sécurité entre serveurs ;
  • et la maintenance des abonnements et notifications, garantissant une communication fluide et continue.

Le client agit donc comme une couche d’intermédiation intelligente, assurant que chaque serveur puisse dialoguer avec le LLM sans exposer directement ses données ni compromettre l’intégrité du système.

MCP Server

Le serveur MCP est un programme léger dédié à une fonction spécifique.

Il expose ses capacités — ressources, outils, prompts ou requêtes de sampling — selon les primitives standardisées du protocole.
Un serveur peut fonctionner de manière indépendante, en local (processus isolé) ou à distance (service HTTP/SSE).
Chaque serveur reste responsable d’un périmètre fonctionnel précis : il peut, par exemple, fournir un accès à une base de données, une API métier, un système de fichiers, ou un environnement de calcul scientifique.

Grâce à cette approche modulaire et découplée, un même hôte peut se connecter à plusieurs serveurs MCP en parallèle, chacun apportant une compétence ou un type de ressource différent, tout en maintenant l’isolation, la sécurité et la traçabilité des échanges entre eux.

Structure du protocole et messages JSON-RPC

Le Model Context Protocol (MCP) s’appuie sur JSON-RPC 2.0 comme fondation technique de tous les échanges entre clients et serveurs. Ce choix repose sur une logique de simplicité et d’universalité : JSON-RPC fournit un format de message léger, lisible par l’humain, indépendant du langage et déjà largement adopté dans l’écosystème logiciel. MCP l’étend avec des conventions spécifiques pour garantir la traçabilité et la robustesse des interactions.

Les trois types de messages fondamentaux

  1. Requêtes (Requests)
    Ce sont les messages initiaux envoyés pour exécuter une opération.
    Chaque requête contient :
    • un identifiant unique (chaîne ou entier, jamais nul) ;
    • une méthode à invoquer, telle que tools/call ou resources/read ;
    • et des paramètres optionnels.
      L’ID sert à relier chaque requête à sa réponse et ne doit jamais être réutilisé dans une session donnée.
  2. Réponses (Responses)
    Les réponses reprennent l’ID de la requête correspondante et comportent soit un champ result (succès), soit un champ error (échec) — mais jamais les deux à la fois. Les codes d’erreur sont normalisés en entiers et permettent un diagnostic précis des incidents.
  3. Notifications
    Messages unidirectionnels ne nécessitant pas de réponse, les notifications informent d’un changement d’état ou d’un événement sans bloquer le flux principal d’exécution. Elles sont couramment utilisées pour signaler des mises à jour de ressources, des modifications de session ou l’arrivée de nouveaux événements temps réel.

La spécification complète du protocole est rédigée en TypeScript, qui sert de source of truth, et une version JSON Schema est automatiquement générée pour faciliter l’intégration avec des outils de validation, de documentation ou de génération de SDKs et d’implémentations client/serveur dans d’autres langages.

Gestion du cycle de vie et négociation de capacités

MCP définit une gestion stricte du cycle de vie des connexions entre clients et serveurs afin de garantir la stabilité des sessions et la cohérence de l’état partagé. Ce cycle se déroule en trois phases distinctes :

1. Phase d’initialisation

Dès l’établissement de la connexion, le client envoie une requête initialize au serveur. Cette étape permet de :

  • Négocier la version du protocole ;
  • Échanger les capacités supportées de part et d’autre (outils disponibles, ressources accessibles, formats de message).
    Le serveur répond en précisant ses propres capacités, après quoi le client émet une notification initialized pour confirmer que la session est opérationnelle. Cette phase jette les bases d’une communication contractuelle et vérifiable.

2. Phase d’opération

Une fois la session établie, les échanges deviennent bidirectionnels : requêtes, réponses et notifications circulent selon les capacités négociées.


C’est durant cette phase active que :

  • les outils sont invoqués ;
  • les ressources sont lues ou écrites ;
  • et les prompts, requêtes ou actions contextuelles sont exécutés.
    Chaque interaction respecte la logique d’autorisation, d’audit et d’isolation propre à la session.

3. Phase d’arrêt

Quand la session n’est plus nécessaire, la fermeture est initiée de manière gracieuse par le client ou le serveur.
Cette étape finale libère les ressources allouées, ferme proprement les canaux ouverts et prévient l’apparition de connexions orphelines susceptibles de consommer inutilement des ressources ou de créer des failles de sécurité.

Négociation de capacités

L’une des forces de MCP réside dans son mécanisme de découverte et de négociation dynamique.


Dès l’initialisation, chaque participant annonce :

  • les méthodes qu’il prend en charge ;
  • les formats de données qu’il accepte ;
  • et les extensions qu’il supporte.

Le client et le serveur construisent ainsi un contrat de session explicite, garantissant que seules les fonctionnalités mutuellement compatibles sont utilisées. Ce processus évite les erreurs d’exécution, améliore la résilience et rend chaque session prévisible, traçable et extensible.

Couche de transport : STDIO, HTTP et SSE

Le Model Context Protocol (MCP) a été conçu pour s’adapter à une grande variété d’environnements et de contraintes d’intégration.
Pour cela, il prend en charge plusieurs mécanismes de transport permettant la communication entre clients et serveurs, chacun présentant des avantages spécifiques selon le scénario d’usage.

1. STDIO (Standard Input/Output) — le transport local par excellence

Le mode STDIO repose sur un fonctionnement simple et direct : le client lance le serveur MCP comme un processus enfant et communique avec lui via les flux standards stdin et stdout.


Chaque message est délimité par une nouvelle ligne et formaté selon la spécification JSON-RPC 2.0.

Ce mode présente plusieurs atouts majeurs :

  • Latence extrêmement faible, sans aucun passage par le réseau.
  • Configuration minimale, idéale pour les environnements de développement ou les intégrations embarquées.
  • Sécurité renforcée, car aucune exposition réseau n’est nécessaire : la communication reste confinée au contexte local.
  • Relation 1:1 entre client et serveur, garantissant une isolation totale de chaque session.

C’est le transport privilégié pour :

  • les intégrations locales dans des applications telles que Claude Desktop ou VS Code ;
  • les outils en ligne de commande (CLI) ;
  • et les opérations sensibles nécessitant un contrôle strict des flux de données.

2. HTTP avec Streamable — le transport réseau moderne recommandé

Le transport HTTP avec Streamable transforme le serveur MCP en un service web accessible via URL.
Contrairement au modèle STDIO, où chaque client dispose de son propre processus, un serveur HTTP peut gérer plusieurs clients simultanément, favorisant la scalabilité et le déploiement distribué.

Le protocole Streamable HTTP introduit une communication bidirectionnelle complète entre client et serveur, tout en supportant :

  • les réponses en streaming, permettant un flux continu d’informations (utile pour le suivi de tâches longues) ;
  • la gestion concurrente de plusieurs sessions actives ;
  • et l’intégration fluide avec les infrastructures web existantes (API Gateway, reverse proxy, load balancer).

Ce mode est recommandé pour :

  • les déploiements distants ou en cloud ;
  • les architectures multi-clients (plusieurs agents connectés à un même service) ;
  • et les applications réseau nécessitent une supervision ou une orchestration centralisée.

3. SSE (Server-Sent Events) — compatibilité héritée

Le transport via Server-Sent Events (SSE) est historiquement la première méthode utilisée par MCP pour la communication HTTP.
Il permet un streaming unidirectionnel du serveur vers le client, mais ne prend pas en charge un échange bidirectionnel complet.

Bien que toujours maintenu pour des raisons de rétrocompatibilité, SSE est désormais déconseillé pour les nouveaux projets. Les développeurs sont invités à adopter HTTP Streamable, qui offre davantage de flexibilité, de performances et de sécurité.

Choix du transport : une question de contexte

Le choix du mécanisme de transport dépend essentiellement du scénario de déploiement et des priorités opérationnelles :

  • STDIO convient parfaitement aux intégrations locales, aux outils CLI et aux environnements où la simplicité et la sécurité priment.
  • HTTP Streamable s’impose pour les architectures réseau, les environnements multi-agents et les usages collaboratifs à grande échelle.
  • SSE, enfin, reste utile pour maintenir la compatibilité avec les clients plus anciens, mais n’est plus recommandé pour les déploiements modernes.

Les trois primitives fondamentales : Resources, Prompts et Tools

Au cœur du Model Context Protocol (MCP) se trouvent trois primitives essentiellesResources, Prompts et Tools — qui permettent aux serveurs de proposer des interactions riches, explicables et contextualisées aux modèles de langage.


Ces trois composantes définissent la grammaire commune entre un LLM et son environnement numérique, structurant à la fois la lecture, la compréhension et l’action.

1. Resources (Ressources) — le socle informationnel

Les Resources représentent toutes les données auxquelles un modèle peut accéder, qu’elles soient locales, distantes ou générées dynamiquement.
Chaque ressource est identifiée par un URI (Uniform Resource Identifier), garantissant une structure claire et un accès standardisé, quel que soit le type de contenu.

Exemples de formats d’URI :

  • file:///home/user/projects/api/README.md — fichier local ;
  • postgres://localhost/customers/table/users — table dans une base de données PostgreSQL ;
  • weather://current/san-francisco — ressource dynamique liée à une API météo.

Les serveurs exposent ces ressources via l’endpoint resources/list, tandis que les hôtes peuvent en demander la lecture grâce à resources/read.
Chaque ressource est accompagnée de métadonnées descriptives (type MIME, description, date de mise à jour, droits d’accès) permettant aux utilisateurs et aux modèles de comprendre son contenu et son contexte avant utilisation.

Les ressources peuvent être :

  • statiques, comme un document ou un code source versionné ;
  • ou dynamiques, comme les dernières entrées d’un log système ou d’un flux IoT.

Ainsi, le LLM n’est plus confiné à ses données d’entraînement : il accède à un univers d’informations vivantes, lisibles et traçables.

2. Prompts — l’expertise encapsulée

Les Prompts constituent la deuxième primitive clé du protocole.
Ils offrent des modèles d’instructions réutilisables encapsulant l’expertise d’un domaine ou la logique d’une tâche complexe.
Chaque prompt agit comme un guide opérationnel que le modèle peut invoquer avec des paramètres précis, garantissant cohérence, fiabilité et homogénéité des réponses.

Exemples typiques :

  • Un serveur de base de données peut proposer :
    • analyze-schema (analyser un schéma),
    • debug-slow-query (diagnostiquer une requête lente),
    • generate-migration (créer un script de migration).
  • Un serveur Kubernetes peut offrir des prompts pour dépanner un cluster ou analyser un déploiement.
  • Un serveur de revue de code peut exposer des prompts adaptés aux guides de style internes de l’équipe.

Les prompts peuvent accepter des arguments dynamiques : par exemple, analyze-table prend en entrée le nom d’une table, puis retourne un diagnostic structuré incluant schéma, index, et relations clés étrangères.

En somme, les prompts constituent la mémoire métier du protocole — un moyen d’industrialiser l’expertise humaine sous forme d’instructions standardisées et exploitables par les modèles.

3. Tools (Outils) — l’interface avec le monde réel

Enfin, les Tools sont les fonctions exécutables qu’un modèle peut appeler pour effectuer des actions concrètes dans son environnement.


Chaque outil se définit par :

  • un nom explicite,
  • une description claire de son usage,
  • un schéma JSON détaillant les paramètres d’entrée (nom, type, contraintes, valeurs par défaut),
  • et un handler — le code qui exécute effectivement la logique métier.

L’invocation se fait via la méthode tools/call, où le client fournit le nom de l’outil et les arguments attendus.
Le serveur exécute la fonction, puis retourne le résultat structuré (succès ou erreur).

Ces outils permettent au LLM de sortir de la simple génération textuelle pour interagir de façon opérationnelle : exécuter des commandes, modifier une base de données, lancer une simulation, ou encore orchestrer d’autres services.

Un écosystème riche et cohérent

En combinant ces trois primitives —

  • Resources pour le contexte,
  • Prompts pour la guidance,
  • Tools pour l’action
    MCP offre une interface complète entre la pensée du modèle et le monde numérique.

Cette tripartition transforme le modèle de langage en acteur cognitif connecté, capable de lire, comprendre, raisonner et agir de manière gouvernable, au sein d’un écosystème standardisé, extensible et traçable.

Fonctionnalités avancées : Sampling et élicitation

Au-delà de ses trois primitives fondamentales (Resources, Prompts et Tools), le Model Context Protocol (MCP) introduit des mécanismes bidirectionnels avancés qui permettent aux serveurs de devenir de véritables agents intelligents, capables non seulement de répondre à des requêtes, mais aussi d’en initier. Ces capacités ouvrent la voie à une interaction plus naturelle et plus autonome entre les composants du système, tout en maintenant un contrôle humain explicite à chaque étape critique.

1. Sampling : l’inversion du flux décisionnel

Le mécanisme de sampling marque une évolution majeure dans la philosophie d’interaction du protocole.
Traditionnellement, ce sont les clients qui interrogent les modèles de langage. Avec le sampling, les serveurs MCP peuvent eux-mêmes solliciter des complétions LLM, inversant ainsi le flux classique de communication.

Ce dispositif est utilisé lorsqu’un serveur doit :

  • prendre une décision complexe impliquant du raisonnement 
  • générer une réponse au-delà de règles déterministes ;
  • ou comprendre un contexte sémantique que seul un modèle de langage peut interpréter.

Le flux d’exécution suit une séquence rigoureusement contrôlée :

  1. Le serveur envoie une requête sampling/createMessage au client, contenant les messages de conversation, les préférences de modèle (le cas échéant), les instructions système et le contexte requis.
  2. Le client reçoit cette requête, la valide et affiche à l’utilisateur ce que le serveur souhaite transmettre au modèle.
    Checkpoint humain n°1 : l’utilisateur peut éditer, approuver ou rejeter le prompt proposé.
  3. Si le prompt est approuvé, le client l’envoie au LLM, reçoit la complétion, et la présente à nouveau à l’utilisateur.
    Checkpoint humain n°2 : l’utilisateur peut corriger, valider ou refuser la réponse générée.
  4. En cas d’approbation, la complétion finale est retournée au serveur, qui peut alors poursuivre son traitement.

Ce double contrôle humain garantit une traçabilité totale du raisonnement, tout en permettant aux serveurs d’exploiter la puissance des modèles de langage sans perte de gouvernance.
Le sampling incarne ainsi un compromis équilibré entre autonomie agentique et supervision humaine active — un principe fondamental du design de MCP.

2. Élicitation : la boucle interactive avec l’utilisateur

La seconde capacité avancée, dite d’élicitation, permet aux serveurs MCP de demander des informations complémentaires à l’utilisateur lorsqu’une donnée nécessaire à l’exécution d’une tâche est manquante ou ambiguë.

Cette fonctionnalité transforme le serveur d’un simple exécuteur en un acteur dialogique, capable d’entretenir un échange contextuel et adaptatif :

  • si une commande requiert un paramètre absent (ex. : nom de fichier, plage de dates, identifiant de ressource), le serveur peut interroger directement l’utilisateur ;
  • le client relaie cette demande sous une forme claire et validable ;
  • la réponse est ensuite réinjectée dans le flux d’exécution.

L’élicitation améliore considérablement la robustesse et la convivialité des systèmes fondés sur MCP.
Plutôt que d’échouer silencieusement sur des erreurs d’entrée, le protocole favorise une coopération fluide entre l’humain et la machine, où chaque étape manquante devient une opportunité d’ajustement contextuel.

Schéma de métadonnées et supervision humaine

Le Model Context Protocol (MCP) place la supervision humaine au cœur de sa conception.
Plutôt que de considérer la gouvernance comme une couche ajoutée a posteriori, le protocole l’intègre by design : aucune action sensible — qu’il s’agisse d’un accès à des données, d’une exécution de code ou d’une requête à un modèle de langage — ne peut être entreprise sans consentement explicite de l’utilisateur.

Cette approche garantit que le contrôle final appartient toujours à l’humain, même dans les environnements où plusieurs agents IA collaborent ou prennent des décisions autonomes.

Consentement utilisateur et contrôle explicite

Chaque opération initiée par un agent doit être comprise et autorisée par l’utilisateur.
Les implémentations de MCP doivent donc :

  • fournir des interfaces claires et explicites permettant de visualiser, réviser et approuver chaque action ;
  • garantir que les utilisateurs savent quelles données sont partagées, à quels serveurs, et pour quelle finalité ;
  • et maintenir la possibilité de révoquer à tout moment une autorisation accordée.

Ce principe transforme le consentement en un acte conscient et traçable, non en une simple case cochée.

Confidentialité et gouvernance des données

Les hôtes MCP ont l’obligation d’obtenir un consentement explicite avant toute exposition de données utilisateur à un serveur externe.
Aucune donnée ne doit être transmise en dehors de l’environnement sans validation préalable, et toutes les données doivent être protégées par :

  • des contrôles d’accès granulaires (basés sur les rôles, les tâches ou les contextes),
  • des mécanismes de chiffrement pour les échanges et le stockage,
  • et des registres d’audit retraçant qui a accédé à quoi, quand et pourquoi.

Ainsi, MCP assure une traçabilité complète des flux de données et empêche toute dérive vers des modèles opaques ou incontrôlés.

Sécurité des outils (Tools)

Les tools, capables d’exécuter du code ou de manipuler des ressources réelles, représentent une zone de risque particulière.

Le protocole impose donc un principe de prudence renforcée :

  • chaque invocation d’un outil doit être explicitement approuvée par l’utilisateur ;
  • les interfaces doivent afficher clairement ce que l’outil est sur le point d’exécuter ;
  • et les hôtes doivent isoler les environnements d’exécution pour prévenir tout effet de bord ou compromission.

L’objectif est de garantir que l’utilisateur comprend pleinement la portée et les conséquences de chaque action avant de l’autoriser.

Contrôle du Sampling LLM

Les requêtes de sampling LLM, qui permettent à un serveur de solliciter une complétion auprès d’un modèle de langage, sont soumises à une supervision encore plus stricte.


Les utilisateurs doivent :

  • valider explicitement si un sampling peut être effectué ;
  • voir le prompt réel qui sera envoyé au LLM ;
  • et choisir quelles parties de la réponse pourront être renvoyées au serveur.

Le protocole limite volontairement la visibilité du serveur sur les prompts et les complétions, afin d’éviter toute fuite de contexte confidentiel ou de biais involontaire.
Cette approche garantit que le sampling reste un processus assisté, jamais automatique.

Les cinq couches d’authentification et d’autorisation

Le modèle de sécurité de MCP repose sur une architecture en cinq niveaux, conçue pour assurer une gouvernance complète de bout en bout :

  1. Identité de l’agent.
    Chaque agent IA possède une identité unique et traçable, permettant de suivre ses actions et responsabilités.
  2. Authentification du délégateur.
    L’utilisateur humain s’authentifie auprès du système et devient le délégateur d’autorité pour les agents qu’il contrôle.
  3. Délégation de consentement.
    L’utilisateur définit la portée d’autorité de chaque agent — c’est-à-dire quelles actions il peut entreprendre, sur quelles ressources, et dans quel périmètre temporel ou contextuel.
  4. Accès au serveur MCP.
    L’agent s’authentifie ensuite auprès du serveur MCP, en respectant les autorisations déléguées par l’utilisateur.
  5. Services en amont.
    Enfin, les APIs externes auxquelles le serveur accède doivent respecter l’identité de l’agent et les permissions héritées du délégateur humain.

Un protocole centré sur la confiance et la traçabilité

Cette architecture d’authentification hiérarchique et de consentement explicite fait du MCP l’un des premiers standards à intégrer la gouvernance humaine comme composant technique.
Chaque interaction devient ainsi vérifiable, réversible et attribuable, jetant les bases d’une IA agentique de confiance, où l’autonomie n’exclut jamais la responsabilité.

Registre MCP : découverte et distribution

Lancé officiellement par Anthropic en septembre 2025, le MCP Registry constitue une étape structurante dans la maturation de l’écosystème Model Context Protocol.
Ce registre centralisé agit comme un catalogue public et interopérable regroupant l’ensemble des serveurs MCP disponibles, facilitant ainsi leur découverte, intégration et gouvernance.

Conçu comme un metaregistry, le registre ne stocke ni code source ni binaires, mais uniquement les métadonnées descriptives des serveurs MCP.
Il se positionne comme un point d’entrée universel permettant aux développeurs, aux entreprises et aux outils d’orchestration de référencer et d’exploiter les serveurs existants de manière standardisée.

Caractéristiques principales du registre officiel

  • Référentiel autoritaire
    Le MCP Registry est la source unique de vérité pour tous les serveurs MCP publics officiellement publiés.
    Il garantit la cohérence, la traçabilité et la fiabilité des informations liées à chaque serveur disponible dans l’écosystème.
  • Propriété communautaire
    Bien qu’initié par Anthropic, le registre est désormais géré collectivement par la communauté open source MCP.
    Il bénéficie du soutien d’acteurs majeurs tels que GitHub, PulseMCP et Microsoft, qui contribuent à sa maintenance et à sa gouvernance.
    Cette approche collaborative renforce sa légitimité en tant qu’infrastructure neutre et durable.
  • Découverte unifiée
    Les créateurs de serveurs n’ont plus besoin de multiplier les publications : une seule inscription dans le MCP Registry suffit pour rendre un serveur visible à travers l’ensemble des plateformes compatibles.
    Tous les consommateurs — applications, orchestrateurs, Kins ou frameworks multi-agents — peuvent référencer les mêmes données canoniques, assurant une interopérabilité totale.
  • Format standardisé
    Chaque entrée du registre suit le format server.json, qui décrit de façon exhaustive les éléments nécessaires à l’installation et à l’utilisation d’un serveur :
    • Identité unique (ex. : io.github.user/server-name)
    • Packages disponibles (endroits où télécharger le serveur, via npm, PyPI, Docker Hub, etc.)
    • Runtime (instructions d’exécution, arguments, variables d’environnement)
    • Métadonnées (description, version, capacités, dépendances, compatibilités)

Ce format commun simplifie l’automatisation, la mise à jour et la synchronisation entre environnements.

Un écosystème interconnecté

Le MCP Registry n’a pas vocation à remplacer les registres tiers existants — comme Smithery, Mastra, Glama.ai ou MCP.so.
Au contraire, il agit comme un noyau de synchronisation : ces plateformes peuvent répliquer ou enrichir les métadonnées du registre officiel, tout en proposant leurs propres services à valeur ajoutée (moteurs de recherche avancés, évaluation qualitative, curation thématique, scoring communautaire, etc.).

Ainsi, le registre officiel devient un pivot d’interopérabilité entre l’infrastructure de base du protocole et les couches applicatives plus spécialisées.
Il contribue à faire du MCP un écosystème ouvert, traçable et transparent, où chaque serveur peut être découvert, évalué et intégré en toute confiance — un App Store de l’agentique, au service de la standardisation et de la souveraineté numérique.

Lien entre MCP et Context Window des LLMs

L’une des confusions les plus fréquentes autour du Model Context Protocol (MCP) vient de son rapprochement sémantique avec la fenêtre de contexte (context window) des grands modèles de langage.
Or, ces deux notions relèvent de niveaux techniques très différents : la première concerne l’infrastructure d’orchestration, la seconde les limites internes du modèle lui-même.

1. La fenêtre de contexte : une contrainte inhérente au modèle

La context window désigne la quantité maximale de tokens (mots, symboles ou fragments de texte) qu’un modèle de langage peut traiter simultanément.


C’est une limite physique, directement liée à l’architecture et à la taille du modèle.

  • Par exemple : un modèle comme GPT-4-turbo peut traiter 128 000 tokens, tandis qu’un modèle plus léger peut être limité à 4 000 ou 8 000 tokens.
  • Au-delà de cette capacité, le modèle ne peut plus raisonner efficacement, car il ne « voit » qu’une portion du texte disponible.

En d’autres termes, la fenêtre de contexte définit la mémoire immédiate du modèle — sa capacité à « se souvenir » de ce qu’on lui fournit dans une seule requête.

2. Le Model Context Protocol : une couche d’orchestration au-dessus

Le Model Context Protocol, à l’inverse, n’a rien à voir avec cette limite interne.

Il s’agit d’un protocole d’orchestration qui standardise la manière dont un modèle accède à son environnement externe : bases de données, fichiers, APIs, outils, ou autres agents IA.

MCP ne cherche donc pas à augmenter la taille de la fenêtre de contexte, mais à gérer intelligemment le flux d’informations qui y entre.

Il définit comment et quand fournir les données pertinentes à un LLM, tout en respectant ses contraintes techniques.

Ainsi, MCP agit comme un chef d’orchestre du contexte, assurant que le modèle :

  • reçoive uniquement les informations utiles au bon moment,
  • interagisse avec des sources fiables et standardisées,
  • ne soit jamais submergé par un volume de données supérieur à ce qu’il peut traiter.

3. La contextualisation dynamique : un apport clé du protocole

L’une des grandes forces de MCP réside dans sa capacité à permettre une contextualisation dynamique et sélective.

Au lieu d’envoyer toutes les données en une seule fois — ce qui saturerait la fenêtre du modèle — le protocole permet aux serveurs de :

  • fournir sélectivement les fragments pertinents au fil du raisonnement,
  • rafraîchir le contexte en fonction de l’état de la tâche,
  • et maintenir la cohérence entre plusieurs sessions successives.

Pour les cas où le volume d’informations dépasse largement la capacité du modèle, des patterns d’orchestration avancés peuvent être mis en œuvre, tels que le sub-context pattern :

  1. Diviser les données en sous-ensembles (chunks) ;
  2. Créer un sous-contexte dédié pour chaque portion ;
  3. Traiter chaque sous-contexte indépendamment ;
  4. Puis fusionner les résumés pour produire une synthèse consolidée.

Ce mécanisme permet de traiter des volumes massifs de données tout en respectant les contraintes structurelles du LLM.

Implémentations de référence et écosystème

Le succès du Model Context Protocol (MCP) repose sur un écosystème technique robuste, conçu pour accélérer son adoption par la communauté open source, les éditeurs de logiciels et les grandes entreprises.
Cet écosystème fournit à la fois les outils de développement, les implémentations de référence et les intégrations industrielles nécessaires pour bâtir des applications agentiques interopérables et sûres.

SDKs officiels dans plus de dix langages

Pour garantir une adoption large et multiplateforme, Anthropic et la communauté MCP maintiennent des Software Development Kits (SDKs) officiels dans plus de dix langages majeurs : TypeScript, Python, C#, Go, Java, Kotlin, PHP, Ruby, Rust et Swift.

Ces SDKs offrent :

  • des abstractions haut niveau pour créer rapidement des serveurs et clients MCP conformes à la spécification ;
  • des modules de validation automatique des schémas JSON-RPC ;
  • et des outils pour gérer la négociation de capacités, la sécurité et la persistance d’état.

Grâce à ces bibliothèques, un développeur peut implémenter un serveur MCP en quelques lignes de code, tout en bénéficiant d’une conformité native avec le protocole officiel.

Référentiel GitHub officiel : des serveurs de référence pour tous les cas d’usage

Le dépôt GitHub model-context-protocol/servers centralise les implémentations de référence développées par Anthropic et la communauté.
Ces serveurs servent à la fois de modèles pédagogiques et de points de départ concrets pour construire de nouvelles intégrations.

Parmi les plus populaires :

  • Everything : un serveur de test polyvalent intégrant prompts, ressources et outils.
  • Fetch : permet la récupération et la conversion de contenus web en ressources MCP.
  • Filesystem : gère des opérations de lecture et d’écriture sécurisées sur les systèmes de fichiers locaux.
  • Git : fournit des outils pour lire, rechercher et manipuler des dépôts Git.
  • Memory : propose une mémoire persistante fondée sur des graphes de connaissance.
  • Sequential Thinking : expérimente des logiques de raisonnement réflexif et d’enchaînement de tâches.
  • Time : gère les conversions de fuseaux horaires et les opérations temporelles complexes.

À ce socle s’ajoute une galaxie de serveurs tiers couvrant la quasi-totalité des intégrations d’entreprise : AWS, Azure, Google Cloud, GitHub, GitLab, Slack, Jira, Salesforce, Stripe, Shopify, PostgreSQL, MongoDB, Elasticsearch, et bien d’autres encore.

MCP Inspector : l’outil de développement indispensable

Le MCP Inspector est devenu l’un des outils incontournables pour les développeurs et intégrateurs.
Il permet de se connecter à un serveur MCP et d’en inspecter les capacités annoncées — qu’il s’agisse de tools, resources ou prompts — sans nécessiter de client IA complet.

L’utilisateur peut ainsi :

  • visualiser les métadonnées exposées par le serveur ;
  • tester les endpoints manuellement ;
  • simuler des requêtes et vérifier les réponses JSON-RPC ;
  • diagnostiquer les erreurs avant tout déploiement en production.

En d’autres termes, MCP Inspector joue un rôle équivalent à celui de Postman pour les APIs REST ou de GraphiQL pour GraphQL : un environnement de test interactif essentiel pour comprendre, auditer et fiabiliser les intégrations MCP.

Grâce à cet ensemble — SDKs multilingues, serveurs de référence, intégrations industrielles et outils de diagnostic —, l’écosystème MCP forme une infrastructure complète, ouverte et évolutive, soutenant la vision d’une interopérabilité universelle entre agents IA et environnements métiers.

Intégration avec les frameworks d'orchestration

Le Model Context Protocol (MCP) ne fonctionne pas en vase clos : il s’intègre étroitement avec les principaux frameworks d’orchestration d’agents du marché, leur apportant une interopérabilité standardisée, une sécurité renforcée et un accès unifié à un large éventail d’outils et de ressources.
Grâce à ces intégrations, les architectures multi-agents gagnent en cohérence, en traçabilité et en extensibilité — trois conditions essentielles pour l’industrialisation de l’IA agentique.

1. LangGraph + MCP : orchestration avec état et interopérabilité universelle

LangGraph est un framework conçu pour orchestrer des workflows d’agents IA complexes, en s’appuyant sur un graphe de nœuds représentant les décisions, les transitions et l’état partagé entre agents.


L’intégration de MCP dans LangGraph permet à chaque agent de consommer les capacités exposées par des serveurs MCP, et donc d’accéder, dans un format standardisé, à des prompts, ressources et outils externes.

Concrètement, un agent LangGraph peut :

  • lister dynamiquement les serveurs MCP disponibles ;
  • invoquer leurs outils dans le cadre de son raisonnement ou d’un sous-workflow ;
  • et maintenir un état contextuel persistant, garantissant la continuité du raisonnement entre les appels successifs.

Cette architecture hybride combine la gestion d’état structurée de LangGraph avec la richesse fonctionnelle du réseau MCP.
Des projets pilotes démontrent déjà des systèmes multi-serveurs décentralisés, où des agents LangGraph orchestrent des workflows distribués, déléguant l’exécution d’outils à des serveurs MCP distants via les transports SSE et STDIO.

Résultat : un écosystème où chaque agent peut planifier, raisonner et agir en exploitant les ressources d’un maillage contextuel mondial.

2. CrewAI + MCP : standardiser l’accès aux outils d’entreprise

Le framework CrewAI, spécialisé dans la coordination d’équipes d’agents autonomes, s’intègre lui aussi nativement avec MCP via la bibliothèque crewai-tools et son adaptateur dédié, le MCPServerAdapter.

Cet adaptateur assure :

  • la connexion sécurisée aux serveurs MCP via le transport choisi (STDIO ou SSE) ;
  • la découverte automatique des outils disponibles sur chaque serveur ;
  • et la création de wrappers CrewAI compatibles, exposant ces outils dans le langage propre au framework.

Ainsi, un agent CrewAI peut immédiatement accéder à un écosystème standardisé de plus de 50 intégrations “enterprise-grade”, notamment via des services comme Klavis ou PulseMCP.
Cette approche unifie la gestion des connecteurs et évite la prolifération de scripts spécifiques à chaque environnement.

En pratique, MCP agit comme une couche d’universalisation : CrewAI conserve sa logique de coordination multi-agents, mais déporte la gestion des outils et ressources sur une infrastructure ouverte et gouvernable.

3. Microsoft AI Foundry + MCP : unifier les services Azure AI

La plateforme Microsoft Azure AI Foundry a également adopté MCP comme interface standardisée pour relier ses agents aux outils et services externes.


Grâce à cette intégration, les agents Foundry peuvent se connecter de manière sécurisée à des environnements tiers, tandis que les agents Copilot Studio peuvent invoquer ces capacités en plein dialogue, sans rupture de contexte.

Le MCP Server pour Azure AI Foundry (actuellement en version expérimentale) fournit une couche d’intégration unifiée entre les différents services de l’écosystème Azure :

  • exploration et comparaison de modèles ;
  • gestion des bases de connaissances et des embeddings ;
  • évaluation et monitoring des performances via langage naturel.

Cette convergence entre MCP et Foundry illustre un mouvement de fond : la transformation des grands environnements cloud en infrastructures agentiques ouvertes, capables d’interopérer à travers un standard commun.

En réunissant des frameworks comme LangGraph, CrewAI et Azure AI Foundry autour d’un même protocole, MCP se positionne comme le langage d’échange universel de l’intelligence distribuée.
Il devient le socle d’une gouvernance technique partagée, où chaque agent, quel que soit son environnement d’exécution, peut dialoguer avec les autres selon des règles transparentes, auditables et sécurisées.

Différenciation : MCP vs RAG vs Function Calling

Le Model Context Protocol (MCP) ne se contente pas d’être une alternative technique — il redéfinit la manière dont les modèles de langage interagissent avec leur environnement.
Pour en mesurer la portée, il est essentiel de le comparer à trois approches couramment utilisées dans l’écosystème IA : le Retrieval-Augmented Generation (RAG), le Function Calling propriétaire, et les outils d’automatisation de workflows.

MCP vs RAG : du contexte statique au contexte vivant

Le Retrieval-Augmented Generation (RAG) permet à un modèle d’enrichir ses réponses en récupérant des passages issus d’une base de connaissances vectorielle.
Ces bases contiennent des documents pré-embeddés, c’est-à-dire convertis en représentations numériques (vecteurs) avant l’interrogation.
Le modèle interroge ensuite cette base via une recherche de similarité pour récupérer des extraits pertinents.

Limite : cette approche fonctionne bien pour des corpus documentaires statiques (rapports, articles, manuels), mais devient inefficace lorsque les données changent fréquemment ou doivent être récupérées dynamiquement.

Le Model Context Protocol, lui, s’inscrit dans une autre logique.
Plutôt que d’interroger des documents figés, MCP permet aux LLMs d’accéder directement à des données structurées, en temps réel, issues de bases de données, APIs, outils métier ou services SaaS.
Il ne nécessite aucun pré-embedding, et agit à la demande (runtime) pour aller chercher la bonne information, au bon moment.

En résumé :

  • RAG = utile pour la recherche dans des corpus statiques, figés dans le temps.
  • MCP = essentiel pour les données vivantes, sensibles ou évolutives, nécessitant une requête directe et sécurisée.

MCP transforme ainsi la contextualisation d’un modèle en processus dynamique et gouverné, plutôt qu’en simple récupération documentaire.

MCP vs Function Calling propriétaire : de la dépendance au standard ouvert

Les function calling introduits par OpenAI (et repris sous d’autres formes dans les ChatGPT plugins) ont marqué une étape importante dans la connectivité des LLMs.


Ils permettent aux modèles d’invoquer des fonctions prédéfinies par le développeur, mais ces approches sont propriétaires : chaque fournisseur impose son propre format, ses propres règles et ses propres connecteurs.

Résultat : une dépendance forte à l’écosystème du fournisseur.
Un connecteur développé pour GPT-4 n’est pas compatible avec Claude ou Gemini, forçant les entreprises à dupliquer leurs efforts pour chaque modèle.

MCP aborde ce problème à la racine.
Il définit un standard universel et ouvert, reposant sur des conventions documentées et partagées entre fournisseurs.
Les développeurs peuvent ainsi écrire une fois et exécuter partout, sans attendre qu’un modèle particulier supporte une nouvelle fonctionnalité.

De plus, MCP s’intègre facilement dans des environnements d’entreprise propriétaires ou on-premises, permettant aux organisations d’exposer leurs propres serveurs MCP pour que les modèles puissent exploiter des données internes, sans dépendre du cloud public.

 En résumé :

  • Function calling propriétaire = puissant, mais enfermé dans un écosystème fermé.
  • MCP = ouvert, interopérable et souverain, conçu pour la durabilité.

MCP vs Workflow Automation : de la recette au protocole

Les outils d’automatisation de workflows comme n8n ou Zapier ont démocratisé l’intégration d’applications via des connecteurs prédéfinis.
Ils permettent de créer des scénarios “si ceci, alors cela” avec peu ou pas de code, connectant des dizaines d’outils SaaS entre eux.

Leur limite : ces plateformes reposent sur des intégrations spécifiques qu’il faut constamment mettre à jour. Elles ne sont ni extensibles dynamiquement, ni pensées pour interagir directement avec des modèles de langage.

MCP, au contraire, est un protocole ouvert et extensible, adopté progressivement par la plupart des LLMs et frameworks d’agents. Il offre aux développeurs la possibilité de décrire des capacités une seule fois, dans un format universel, et de les exécuter partout — que ce soit sur le cloud ou on-premises.

De plus, MCP comble le fossé entre automatisation et raisonnement : là où Zapier exécute des actions linéaires, MCP permet à un agent IA de planifier, choisir et adapter dynamiquement ses actions selon le contexte et les retours obtenus.

En résumé :

  • Workflow automation = automatisation statique, centrée sur les applications
  • MCP = orchestration dynamique, centrée sur les agents intelligents et les données vivantes.

En conclusion

RAG, function calling et automatisation de workflows ont chacun ouvert la voie à l’intégration de l’IA dans les systèmes d’entreprise.

Mais MCP représente l’étape suivante : l’unification de ces paradigmes dans une infrastructure ouverte, interopérable et gouvernable, où chaque agent — quel que soit son fournisseur — peut accéder aux mêmes ressources avec la même rigueur, la même sécurité et la même traçabilité.

Cas d'usage et adoption

Le Model Context Protocol (MCP) a été conçu pour répondre à un besoin précis : permettre aux agents d’intelligence artificielle d’interagir de façon sécurisée, dynamique et interopérable avec le monde numérique réel.


Ses avantages se manifestent particulièrement dans les environnements où les données évoluent rapidement, où la gouvernance est stricte, et où la complexité des flux dépasse les capacités d’une simple API statique.

Voici les domaines d’application les plus pertinents du protocole :

1. Applications nécessitant un accès en temps réel à des données vivantes

MCP est idéal pour les systèmes où les données changent constamment :

  • métriques BigQuery actualisées à la minute,
  • commandes clients ou inventaires dans PostgreSQL,
  • tickets de support dans Slack, Zendesk ou Jira,
  • ou encore logs d’activité et flux IoT.

Grâce à ses capacités d’invocation à la demande (runtime), MCP permet aux agents IA de récupérer les informations les plus récentes, sans prétraitement ni réentraînement, tout en respectant les contraintes de sécurité et de performance.

2. Intégration sécurisée avec les systèmes d’entreprise sensibles

MCP se distingue par sa compatibilité native avec les standards de sécurité modernes :

  • OAuth 2.1 pour l’authentification et la délégation,
  • RBAC (Role-Based Access Control) pour la gestion des permissions,
  • et tokens éphémères pour un contrôle granulaire des accès.

Cela en fait une solution parfaitement adaptée aux systèmes critiques — ERP, CRM, plateformes financières, environnements cloud privés — où les données doivent être protégées tout en restant accessibles aux agents IA sous supervision humaine.

3. Workflows multi-étapes et orchestration inter-systèmes

Les workflows complexes impliquant plusieurs services, bases de données ou applications métier nécessitent un protocole capable de coordonner les actions de manière fiable et traçable.

MCP offre cette capacité grâce à son modèle client-serveur avec sessions persistantes et capacité de raisonnement contextuel.


Un agent peut ainsi :

  • lire une ressource dans une base,
  • appeler un outil pour transformer les données,
  • puis déclencher une action dans un autre service,
    tout cela au sein d’un même cycle transactionnel.

C’est la pierre angulaire des architectures multi-agents industrielles, où plusieurs intelligences coopèrent sur des tâches distribuées.

4. Développement d’agents autonomes à haut raisonnement

Les agents qui doivent non seulement exécuter des ordres, mais aussi raisonner, anticiper et s’adapter en fonction du contexte, bénéficient particulièrement de MCP.


Le protocole leur permet de combiner :

  • l’accès à des sources d’information structurées et vérifiées,
  • des prompts métiers contextualisés,
  • et des outils exécutables pour agir dans le monde réel.

Cette combinaison ouvre la voie à des agents véritablement autonomes, capables de comprendre un objectif métier global et de planifier leurs actions à travers plusieurs systèmes interconnectés.

5. Interopérabilité dans des écosystèmes multi-fournisseurs

Enfin, MCP répond à un enjeu majeur pour les grandes entreprises : éviter la dépendance à un fournisseur unique.
Grâce à sa nature ouverte et standardisée, le protocole permet à des modèles issus de différents laboratoires (OpenAI, Anthropic, Google, Mistral, etc.) d’interagir avec les mêmes outils et ressources, sans recoder les intégrations à chaque fois.

C’est un levier stratégique pour bâtir des environnements d’IA multi-cloud et souverains, où la portabilité et la compatibilité sont garanties par le protocole lui-même.

Des pionniers déjà engagés

Plusieurs entreprises technologiques ont adopté MCP dès sa première version, parmi lesquelles Block (Square), Apollo, Zed, Replit, Codeium et Sourcegraph.

Leur objectif commun : permettre à leurs agents IA de comprendre le contexte applicatif en profondeur, d’interagir intelligemment avec le code et les systèmes, et de produire des résultats plus pertinents, nuancés et fonctionnels.

En synthèse, MCP s’impose comme l’infrastructure d’intégration universelle pour l’IA moderne — un pont entre la logique des modèles et la complexité des systèmes réels, alliant performance, sécurité et interopérabilité.

Conclusion

Le Model Context Protocol (MCP) représente bien plus qu’une innovation technique — c’est une avancée structurelle majeure vers une infrastructure d’intelligence artificielle plus mature, composable et interopérable.
En définissant un langage commun entre les applications LLM et les systèmes externes, MCP transforme un paysage encore fragmenté en un écosystème cohérent, gouvernable et extensible.

Grâce à son architecture claire en client-serveur, à ses messages structurés en JSON-RPC 2.0, à ses trois primitives puissantes (resources, prompts, tools), et à ses mécanismes de transport flexibles (STDIO, HTTP, SSE), MCP fait passer le développement d’applications d’IA d’une logique d’intégrations sur mesure et fragiles à une approche modulaire, standardisée et scalable.

Sécurité, supervision et souveraineté

L’une des forces distinctives du protocole réside dans son ancrage éthique et opérationnel.
MCP intègre la supervision humaine, le consentement explicite et la sécurité multi-couches comme principes de conception.


Chaque interaction entre agent et ressource est auditable, contrôlée et réversible, assurant que les capacités qu’il débloque restent sous gouvernance humaine.

Ce modèle permet aux entreprises d’exploiter la puissance des agents IA sans renoncer à la confidentialité, à la souveraineté ni à la traçabilité — trois piliers essentiels pour toute adoption responsable de l’IA dans les environnements critiques.

Un écosystème en expansion rapide

L’adoption du protocole s’accélère à un rythme inédit.

Avec :

  • des centaines de serveurs tiers officiels, couvrant les principaux environnements techniques et métiers 
  • des SDKs disponibles dans plus de 10 langages (Python, TypeScript, Java, C#, Rust, etc.) ;
    un registre officiel (MCP Registry) facilitant la découverte et la certification des serveurs ;
  • et le soutien massif des acteurs majeurs du secteur — OpenAI, Google DeepMind, Microsoft, AWS,

MCP s’impose rapidement comme le standard de facto pour l’intégration de contextes dans les systèmes d’IA agentique.

Une infrastructure pour la prochaine génération d’intelligences distribuées

En rendant les modèles capables d’interagir avec des données vivantes, des outils métiers et des systèmes d’entreprise de manière standardisée, sécurisée et gouvernable, MCP ouvre la voie à une nouvelle génération d’IA : agentique, contextualisée et responsable.
Son ambition n’est pas de multiplier les modèles, mais de les connecter intelligemment — de créer un maillage d’agents interopérables capable de collaborer, d’apprendre et d’agir au service de la décision humaine.

En ce sens, MCP est à l’IA ce que TCP/IP fut à Internet : une infrastructure invisible mais essentielle, permettant aux intelligences de communiquer, coopérer et évoluer dans un cadre universel.